Les idées reçues (et fausses) sur la faim:

La faim est le résultat d’une croissance démographique trop rapide

 


Idée reçue 2 : la faim est le résultat d’une croissance démographique trop rapide


Faux.


La population mondiale est passée de 3 milliards en 1960 à environ 7 milliards aujourd’hui, soit une augmentation de plus 133% en un peu plus de 40 ans.


La production alimentaire mondiale, pour sa part, a augmenté plus rapidement encore : plus 146% entre 1961/63 et 2005/07 pour le monde entier et plus 255% dans les pays non industrialisés.


On prévoit que la population mondiale atteindra environ neuf milliards de personnes en 2050, soit une augmentation de 29%. Ceci entrainera une augmentation de la demande alimentaire de 60 à 70%, du fait d’un changement du niveau et de la composition de l’alimentation (plus de viande, de fruits et de légumes, et moins de céréales et de tubercules). Ce changement du niveau et de la composition est dû à l’amélioration du revenu moyen.


Le rythme d’augmentation nécessaire de la production dans les 40 années à venir sera donc bien inférieur à ce qu’il a été lors des quarante années passées, même si le régime alimentaire continue à changer selon la tendance observée (voir graphe). Notons aussi que la quantité de nourriture requise pour éliminer immédiatement la faim est très petite comparée à la nourriture disponible (moins de 1% de la production alimentaire mondiale selon Trueba and MacMillan) et à la nourriture gaspillée.


Evolution passée de la production et future de la demande agricole






   
















Source : FAO


Ces chiffres peuvent donner un sentiment d’optimisme, puisque l’effort à produire dans l’avenir sera bien inférieur à ce qui a été réalisé dans le passé récent. Il subsiste cependant quelques interrogations:


  1. -cette augmentation de la production sera-t-elle possible en adoptant des technologies de production qui soient moins destructrices des ressources naturelles (y compris génétiques), moins productrices de gaz à effet de serre et plus abordables par la masse des petits producteurs qui constituent la majeure partie des sous-alimentés?

  2. -les modes de consommations futurs pourront-ils être basés sur des régimes alimentaires moins riches en composants exigeants en ressources naturelles (terre, eau), comme les produits d’origine animale?

  3. -Pourra-t-on enfin sérieusement réduire les gaspillages au Nord et les pertes après récolte au Sud?

       (Lire davantage sur les perspectives à long terme et sur l’émission de gaz à effet de        

        serre)


On peut espérer que les mouvements de consommation (réduction de la consommation de produits animaux) dont on peut observer l’émergence notamment dans les pays industrialisés se confirmeront dans les décennies à venir et qu’ainsi la pression sur les ressources de la planète sera plus modeste que prévu. Il s’agira certainement de trouver des moyens pour encourager ces changements.


Materne Maetz

(septembre 2012)

 

Dernière actualisation: septembre 2013

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