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Dernière actualisation: mars 2013

2 février 2013


Banques françaises: réforme ou réformette?


Alors que les députés français s’invectivent à l’Assemblée Nationale et que les médias s’appesantissent sur le débat sur le «mariage pour tous» qui pourtant est approuvé par une large majorité de français, un silence assourdissant règne dans la plupart des media sur la réforme des banques.


Qu’en est-il donc de cette réforme qu’on nous promet depuis bien longtemps et qui devrait empêcher les causes de la crise financière de se reproduire et ainsi réduire l’impact de la spéculation financière sur les marchés des produits alimentaires?


Alors que le gouvernement par la voix de son ministre des finances annonce une réforme qui fera référence en Europe et changera le paysage financier, l’ONG Finance Watch voit dans le texte discuté par la commission concernée à l’Assemblée Nationale une loi qui continuera à privilégier la spéculation sur le financement de l’économie réelle et qui ne satisfait que partiellement les objectifs qui lui avaient pourtant été assignés par le président François Hollande. L’ONG fait des propositions pour améliorer le texte. La séparation promise entre banque de dépôt et banque d’investissement y est remplacée par un dispositif qui ne porterait que  sur les spéculations propres des banques, soit moins de 1% de leurs activités, et non sur les spéculations qu’elles feront pour le compte de leurs clients! Le texte interdit certes aux banques d’utiliser des algorithmes pouvant effectuer des milliers d’opérations à la seconde ou bien de spéculer sur des produits financiers indexés sur les produits agricoles primaires, mais les dispositions proposées ne concerneraient que 10 à 20% des opérations de trading ultra rapide.


Selon Clara Jamart, d’Oxfam France, « Les activités particulièrement dangereuses comme la spéculation sur les marchés agricoles ne seront touchées qu’à la marge par le projet de réforme bancaire dans son état actuel. [...] Ce projet de loi, en l’état, ne permettra pas de lutter contre la volatilité des prix alimentaires qui met en péril la sécurité alimentaire mondiale et le droit à l’alimentation de centaines de millions de personnes. »


Rappelons qu’une étude de 2011 du New England Complex Systems Institute (NECSI), à Cambridge, aux Etats-Unis, donnait à la spéculation financière et à la production d’éthanol la responsabilité conjointe majeure dans la crise alimentaire traversée depuis 2007. Ce rapport concluait à l’urgence d’une réglementation des marchés financiers et à une modification de la politique de soutien à la production d’agro-carburants à partir du maïs.


Récemment (voir nos nouvelles du 6 janvier 2013),  la vice-présidente de la Fed (Réserve fédérale des Etats-Unis) avait indiqué que son pays voulait "aussi vite que possible" réformer le marché des produits dérivés s'échangeant de gré à gré. Espérons que cette réforme, si elle a lieu, ira au delà de la «référence européenne» qui se discute pour l’instant en catimini...