Nouvelles

 

6 janvier 2014



Laisser sa population mourir de faim doit être reconnu comme un crime contre l’humanité


Pour la plupart des personnes, crime contre l’humanité rime avec génocide et violences diverses. On pense aux génocides arménien, cambodgien et rwandais au XXème siècle, au génocide des Indiens d’Amérique du Nord au XIXème siècle, à celui des aborigènes australiens ou des Indiens d’Amérique Centrale et du Sud. On pense aussi aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale, à l’Holocauste, au goulag soviétique, aux camps de «rééducation»  en Chine et aux multiples répressions exercées par divers dictateurs, dont le dernier en date et qui fait la une de la presse, est celui sévissant en Syrie. Ces atrocités, considérées généralement comme des crimes contre l’humanité, ont chacune fait des centaines de milliers, des millions, voire des dizaines de millions de morts.


D’un point de vue légal, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (1998) fait la distinction entre génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Ce texte considère que l’on « entend par crime contre l'humanité l'un quelconque des actes ci-après lorsqu'il est commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque:


      1. a) Meurtre;

      2. b) Extermination;

      3. c) Reduction en esclavage;

      4. d) Déportation ou transfert forcé de population;

      5. e) Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en     

      6. violation des dispositions fondamentales du droit international;

      7. f) Torture;
        g) Viol esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable;

      8. h) Persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d'ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste [...], ou en fonction d'autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour;

      9. i)Disparitions forcées de personnes;

    1.            j) Crime d'apartheid;

      1. k) Autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à I'intégrité physique ou à la santé physique ou mentale


Nulle mention n’est faite du crime qui consiste à laisser une part de la population d’un pays donné dans une situation de sous-alimentation pouvant amener la mort d’un grand nombre de personnes. Pourtant, chaque année, on estime que ce sont plus de 5 millions de personnes - dont les deux tiers sont des enfants - qui meurent prématurément à cause d’une alimentation insuffisante. En une dizaine de jours dans le monde, il meurt autant de personnes de la faim que le total des victimes de la crise syrienne depuis son commencement.




Peut-être est-ce parce que l’idée reste très répandue que la faim est une fatalité contre laquelle on ne peut rien faire, qui fait que les victimes de la faim ne sont pas considérées comme des victimes intentionnelles, que la faim ne qualifie donc pas comme crime contre l’humanité.


Or, il est de plus en plus clair que la faim est le résultat de décisions prises par les Etats. Ces mêmes Etats, par leurs décisions, pourraient, s’ils le voulaient, éliminer immédiatement la faim. Les analyses de la récente crise alimentaire illustrent très clairement le caractère délibéré des choix qui produisent la faim [lire ici].


L’abandon d’une population à la faim et la négligence de ses dirigeants à prendre les mesures pour assurer à tous une alimentation appropriée, doivent être reconnus comme un crime contre l’humanité de façon à mettre les responsables politiques face à leurs responsabilités et les obliger à agir pour éradiquer la faim.


Pour cela, signez notre pétition et convainquons le Secrétaire général des Nations Unies de faire le nécessaire pour que la faim soit reconnue comme crime contre l’humanité. Ce sera là une étape importante permettant de créer la pression politique et légale suffisante pour que nos dirigeants mettent en oeuvre les mesures qui conduiront à l’élimination de la faim.


Compte-tenu du fait que près de 70% des personnes sous-alimentées dans le monde sont des petits producteurs agricoles, 2014, en tant que Année internationale de l’agriculture familiale est certainement une occasion à saisir pour franchir cette étape sur le chemin qui doit nous mener à l’éradication de la faim.


 

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com

Dernière actualisation:    janvier 2014