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9 mai 2014



Révolution verte en Afrique: plus de semences améliorées pour le continent


L’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) vient de publier un rapport sur le secteur semencier Africain dont la conclusion principale est que le secteur serait à présent dominé par des start-up locales. Le rapport s’appuie notamment sur le fait que les 80 petites et moyennes entreprises semencières africaines de 16 pays différents avec lesquelles AGRA travaille, sont en voie de produire plus de 80.000 tonnes de semences certifiées en 2014, contre à peine 2.000 tonnes par une poignée d’entreprises en 2007. C’est là, d’après le rapport, le résultat du programme PASS (Program for Africa’s Seed Systems) lancé par AGRA en 2007 dont l’objectif est la mise en place de systèmes semenciers modernes. Ce programme finance notamment la formation de chercheurs et de techniciens, et l’établissement d’entreprises semencières dans le continent.




Du point de vue des succès observés dans le secteur, le rapport cite :

  1. le lancement de 464 nouvelles variétés de 15 grandes espèces cultivées qui ont été spécifiquement développées pour les climats et les sols africains et dont 300 sont disponibles pour les producteurs

  2. La formation et certification par AGRA de plus de 15.000 propriétaires de petites entreprises locales pour la vente de fournitures agricoles

  3. L’appui donné par AGRA à des « agro-commerçants » qui fournissent 400.000 tonnes de semences et 1 million de tonnes d'engrais par an aux petits producteurs de 16 pays.


Le programme est particulièrement actif au Nigeria, où il bénéficie du soutien du Ministre de l’agriculture, un ancien dirigeant d’AGRA. Mais les activités de certains partenaires rencontrent cependant aussi parfois de cuisants échecs comme cela fut le cas pour Maslaha Seeds Company au Nigeria lors de la campagne rizicole de 2012 quand la variété distribué n’a guère donné de production (lire en anglais).


Avec ces succès déclarés, AGRA entend intensifier ses actions de promotion des engrais chimiques.


Le rapport ne dit rien des liens existant entre le programme PASS et les grandes multinationales semencières dont les trois principales compagnies (Monsanto, DuPont et Syngenta) contrôlent 53% du marché mondial des semences. Il souligne cependant que le travail d’AGRA se fait dans le cadre de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition dont font partie les semenciers Syngenta et Monsanto, ainsi que la principale compagnie d’engrais Yara. Il ne précise notamment pas si certaines des semences diffusées sont des produits de ces multinationales.


Il ne dit pas davantage sur qui sont les acheteurs des semences ainsi produites et si les producteurs les plus pauvres en bénéficient réellement, et quelle est le poids réel des start-up soutenues par AGRA dans le marché total des semences en Afrique. A titre de référence, une source affirmait que l’ensemble des associations de ventes de semences produisaient environ 122.000 tonnes de semences en 2008 alors que les importations de semences en provenance d’autre parties du monde se montaient alors à 15.000 tonnes (ASARECA).


AGRA est une organisation soutenue par les fondations nord-américaines Gates et Rockefeller créée en 2006 qui veut promouvoir la mise en oeuvre du modèle de la révolution verte en Afrique fondée sur l’utilisation de semences améliorées, d’engrais chimiques et de pesticides. Son président émérite est Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations unies.


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Pour en savoir davantage :


  1. -AGRA, Un nouveau rapport révèle que l'industrie des semences africaine est désormais dominée par des start-up locales, communiqué de presse, 8 mai 2014

  2. -AGRA, Planting the Seeds of a Green Revolution in Africa, 2014 (en anglais)

  3. -S. Abubakar, Nigeria: Bakalori Rice That Failed to Yield, 20 janvier 2013, Daily Trust (en anglais)

 

Dernière actualisation:    mai 2014

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