Sécurité alimentaire et durabilité

 

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Sécurité alimentaire et durabilité :

faut-il rajouter une dimension de durabilité

à la sécurité alimentaire ?




Depuis le Sommet mondial de l’alimentation organisé à Rome en 1996, le concept de sécurité alimentaire a joué un rôle central dans la lutte contre la faim. Alors que les Nations Unies se préparent pour un nouveau Sommet mondial sur les systèmes alimentaires, vingt-cinq ans après, il semble utile d’examiner à nouveau cet important concept.


Un concept robuste, souple et complexe


Définie en 1996 comme atteinte « lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » [lire], la sécurité alimentaire est un concept très vaste et riche qui :


  1. comporte quatre dimensions fondamentales -  disponibilité, accès, stabilité et utilisation ;

  2. prend en considération la quantité, la qualité sanitaire et la qualité nutritionnelle de la nourriture, et

  3. peut être décliné à divers niveaux - mondial, régional, national, local, familial et individuel [lire].




Ce concept offre un cadre analytique solide et complexe qui encourage les spécialistes à aller bien au-delà d’une revue critique du secteur agricole ou du système alimentaire pour englober dans leur travail tous les facteurs déterminant la situation alimentaire et, sur cette base, à identifier les politiques et programmes requis pour réaliser la sécurité alimentaire.


Malgré sa complexité et son caractère exhaustif, le cadre proposé par ce concept est suffisamment général pour pouvoir être adapté à des conditions et des époques très différentes. Autre avantage, il évite d’avancer des recettes toutes faites qui ne seraient pas applicables dans tous les cas de figure.


Quelques limitations importantes


Malgré les qualités du concept-guide qui viennent d’être mises en avant, on ne peut que reconnaître que la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire n’a pas été un succès.


Ainsi l’objectif de réduction fixé lors du Sommet mondial de 1996 et celui, moins ambitieux, poursuivi dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), n’ont pas été atteints [lire ici et ici], et ceci, en grande partie du fait de lectures très différentes faites par les uns et les autres de ce qu’est la sécurité alimentaire : confusion conceptuelle [lire], intérêts divergents [lire], indicateurs de mesure de la situation contestables [lire] nous avait amenés, en 2013, à comparer l’humanité à un bateau ivre où chacun fait à sa guise et selon ses intérêts plutôt qu’en donnant la priorité à l’éradication de la faim [lire].


L’expérience de ces vingt-cinq dernières années montre que le concept a (au moins) trois limitations majeures.


La première limitation directement liée à la confusion et aux divergences de perception et d’action qui viennent d’être signalées découle du caractère général et adaptable du concept de sécurité alimentaire : c’est là à la fois une qualité et une source de difficultés. Il laisse le concept ouvert à des interprétations très diverses. Chacun est en mesure d’y choisir ce qui correspond le mieux à sa logique propre et ce qui est compatible avec ses objectifs. C’est là une situation qui fait que chacun peut proposer « sa » solution à la question de l’insécurité alimentaire. De ce point de vue, le concept apparaît trop souple et ouvert à interprétation pour faciliter effectivement un consensus entre les principaux acteurs de la sécurité alimentaire (producteurs, consommateurs, État, entreprises privées, etc.).


À titre d’exemple, typiquement, les responsables politiques se préoccuperont surtout du besoin d’éviter toute instabilité qui résulterait d’une situation d’insécurité alimentaire, et ils seront intéressés à préserver les conditions qui leur permettront de rester au pouvoir. Avec cet objectif à l’esprit, ils chercheront avant tout à assurer une disponibilité constante de nourriture bon marché, qu’elle soit produite localement ou importée, de façon à garantir un accès à l’alimentation pour la majeure partie de la population. Ils seront également disposés à créer les mécanismes requis pour apporter de l’aide alimentaire à ceux qui n’ont pas suffisamment de ressources pour se procurer la nourriture qu’il leur faut, en en minimisant le coût autant que possible, du fait des contraintes budgétaires. Pour les mêmes raisons, ils accorderont probablement la priorité aux zones urbaines, surtout à la capitale nationale où d’éventuelles émeutes de la faim pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la stabilité politique [lire ici et ici].


La deuxième limitation est l’absence dans le concept de sécurité alimentaire de la dimension temporelle. Cette absence est bien illustrée par les statistiques sur la sécurité alimentaire publiées régulièrement par les Agences romaines des Nations Unies qui proposent une série d’images instantanées de la situation de sécurité alimentaire pour des périodes successives d’une ou de deux années. Les considérations sur les tendances ou les facteurs ayant un effet sur la sécurité alimentaire dans le moyen ou long terme ne sont généralement pas abordées (cela a changé quelque peu au cours des dernières années du fait de la soudaine préoccupation relative au dérèglement climatique).


Cette lacune peut sembler surprenante, si l’on se rappelle que le concept de sécurité alimentaire fut produit pour le Sommet mondial de l’alimentation quelques années seulement après le Sommet de la terre tenu à Rio de Janeiro qui avait mis la durabilité sur l’agenda du développement.


L’élaboration plus tardive du concept de sécurité nutritionnelle a, dans une certaine mesure, incorporé un aspect temporel dans le débat, quand on sait que le statut nutritionnel (retard de croissance, émaciation) défini par des mesures anthropométriques peut être lié à l’histoire de l’individu auquel elles se réfèrent. Mais ce n’est pas suffisant car cela n’envisage pas le futur.


Le concept de sécurité alimentaire tel qu’on le formula en 1996 n’inclut pas de dimension de durabilité, et notamment pas la durabilité environnementale. Cette omission explique en grande partie les faiblesses des solutions à court terme proposées au problème de la faim - à moins que ce ne soit le contraire, c’est-à-dire que cette dimension fut laissée de côté parce qu’elle aurait remis en cause la manière dominante d’appréhender le système agricole et alimentaire et les solutions (non durables) conseillées pour son développement.


La troisième limitation est constituée par l’absence de dimension politique, alors même que l’on sait bien que l’alimentation est une question politique extrêmement sensible qui devrait être gérée de manière à protéger les intérêts des pauvres et des personnes vulnérables. La réorganisation du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) fut un pas dans la bonne direction en matière de gouvernance, tout comme la reconnaissance du Droit à l’alimentation, mais bien davantage est nécessaire pour améliorer la gestion politique du système alimentaire à divers niveaux [lire] en vue d’assurer une souveraineté alimentaire.


Les menaces pesant sur la sécurité alimentaire


Elles sont nombreuses. Nous nous limiterons ici à quatre menaces principales.


1. Dérèglement climatique et dégradation des ressources naturelles


De nos jours, chacun a pris conscience de cette menace très sérieuse qui affectera autant la quantité que la qualité de la nourriture disponible, et qui frappera particulièrement les zones et populations qui sont déjà en situation de risque d’insécurité alimentaire. Cet aspect a été documenté dans plusieurs rapports publiés récemment par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [lire ici et ici], la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES en anglais) [lire ici et ici].


Dans certaines régions, la dégradation des conditions agroécologiques pourrait être telle qu’elle entraînerait des mouvements de migration massive [lire], tandis que la recherche suggère que le contenu nutritionnel de la nourriture pourrait se caractériser par une plus forte teneur en glucides, mais moins en protéines et en minéraux [lire en anglais].


Il est important de savoir que tant le changement climatique que la détérioration des ressources naturelles résulte en grande partie d’un choix de technologies agricoles non durables [lire] qui peut être directement lié à l’absence de considération pour la durabilité dans la définition de la sécurité alimentaire.


2. L’urbanisation de l’insécurité alimentaire


Jusqu’à récemment, on considérait que l’insécurité alimentaire était essentiellement un phénomène rural. C’est de moins en moins vrai, alors que la population mondiale est de plus en plus urbaine (30 % en 1960, 50 % aujourd’hui, plus de 65 % en 2050) [lire].


Dans l’Inde des villes, en 2001, 72,2 % des enfants étaient anémiques et 30 % souffraient de retard de croissance [lire en anglais]. Des situations semblables se produisent dans d’autres parties du monde, car les migrants ruraux arrivant dans les métropoles sont particulièrement vulnérables : ils sont sans ressource et non qualifiés et font face à de grandes difficultés pour trouver un travail stable et bien rémunéré, alors qu’ils consacrent souvent plus de 60 % de leur budget à l’alimentation. En Afrique, la situation pourrait devenir extrêmement préoccupante dans la mesure où il y a un décalage entre la vague d’exode et le développement d’emplois urbains dans le secteur formel.


3. Les solutions technologiques miracles pour la sécurité alimentaire


Il est devenu très fréquent parmi beaucoup de dirigeants politiques partout dans le monde d’adopter une stratégie de sécurité alimentaire fondée sur une forte relance immédiate de la production obtenue à partir de technologies de type révolution verte (semences améliorées, irrigation, engrais chimiques, pesticides et mécanisation) et reposant sur des partenariats-public-privés avec les grandes multinationales de l’agroalimentaire et les fondations pseudo-philanthropiques. Cette stratégie est fortement promue au niveau mondial par le Forum économique mondial de Davos [lire], en Afrique, par la Banque africaine de développement [lire] et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), entre autres, et elle est soutenue par divers lobbys comme le Mamopanel.


Cette stratégie est une menace très importante pour une sécurité alimentaire durable dans la mesure où elle fait l’apologie de technologies qui se sont avérées non durables et dont la dissémination s’effectue à l’aide de programme dont la conception est telle qu’elle exclut la masse des producteurs petits et marginaux et les pousse hors des régions rurales pour migrer dans les villes. La solution proposée est à forte intensité de capital et repose sur l’utilisation de semences brevetées et d’intrants qui demandent des ressources financières que des petites unités de production familiales ne disposent pas.


Les dirigeants politiques sont encouragés à suivre cette voie non durable à coup de promesses de grands investissements privés qui ne se matérialisent généralement pas [lire] et de couverture médiatique leur servant à se faire une bonne image auprès de leurs électeurs potentiels.


Même s’il s’agit probablement là d’une dernière tentative pour sauver une approche qui est en train de faillir dans les pays riches, c’est d’une importance extrême à cause du pouvoir d’influence de ses promoteurs qui ont réussi à infiltrer les Nations Unies [lire en anglais] et des conséquences délétères qu’elle aura tant du point de vue social qu’environnemental (dégradation des ressources naturelles et changement climatique).


4. Numérisation de l’agriculture et de l’alimentation


Fortement liée à la menace précédente, la révolution agricole « high-tech » se déroule discrètement. Les volumes de données, la puissance de calcul et de la connectivité augmente partout par la mise en place de machines et de dispositifs connectés (Internet des objets), l’amélioration du transfert d’instructions numériques vers le monde physique et d’autres changements qui jettent les bases de l’émergence de capacités analytiques et de veille économique grâce à l’intelligence artificielle [lire].


Cette tendance est susceptible d’accroître les déséquilibres entre les unités de production agricole familiales et les entreprises dominant le système alimentaire. Ces compagnies elles-mêmes sont sous la menace de fusions en vue de la création de géants qui auront le contrôle total de chaînes de valeur entières et, au bout du compte, du système alimentaire lui-même, ce qui leur donnera un pouvoir intolérable sur la population à moins que de nouvelles réglementations soient mises en place [lire]. 


Ajouter une nouvelle dimension à la sécurité alimentaire : la durabilité


Pour faire effectivement face à certains des défis identifiés, il serait utile de rajouter une cinquième dimension au concept de sécurité alimentaire : la durabilité.


Cette dimension additionnelle créerait un contexte plus favorable à la mise en œuvre de quatre modifications permettant d’affronter certaines des menaces mentionnées ci-dessus.


  1. 1.Fonder la production alimentaire sur des technologies durables


De nos jours, les intérêts privés orientent le développement technologique. Cette situation fait que les résultats finaux de la recherche doivent pouvoir être incorporables dans des biens qui peuvent être vendus (semences, engrais, pesticides, machines, bâtiments et autres infrastructures) afin de générer du profit dont une partie servira à financer de nouveaux efforts de recherche. L’aboutissement de cette approche est l’invention et la dissémination de technologies « artificialisées » à forte intensité de capital, d’intrants et d’énergie qui ont un effet délétère sur l’environnement et le climat [lire].


Dans l’avenir, il s’agira d’affecter des fonds publics à une recherche chargée de développer des technologies à forte intensité de connaissances fondées sur l’utilisation de processus naturels, la diversité et les complémentarités entre cultures, et qui soient adaptées aux spécificités locales. En outre, il sera indispensable de disposer de budgets pour assurer leur dissémination par la vulgarisation et la formation. Dans la mesure où ces techniques sont à forte intensité de connaissances et n’exigeront pas tant de ressources financières pour être mises en œuvre, il sera plus facile pour les producteurs pauvres de les adopter que les technologies promues à l’heure actuelle.


2. Supprimer les avantages accordés aux technologies non durables


Les technologies non durables entraînent des coûts qui ne sont pas supportés immédiatement par ceux qui les utilisent (dégradation du sol, perte de biodiversité, pollution de l’eau, risques sanitaires, changement climatique), mais qui frappent d’autres parties prenantes (consommateurs, riverains…) ou qui ne se manifestent que dans le futur (maladies, baisse des rendements…). Ceci rend ces technologies non durables apparemment plus rentables en leur donnant un avantage si on les compare avec des technologies plus durables qui nécessitent souvent plus de travail et sont parfois moins productives, mais génèrent des externalités positives non rétribuées (stockage de carbone, meilleure résistance à l’érosion des sols et à la sécheresse).


L’internalisation des externalités, tant négatives que positives, est susceptible de provoquer une augmentation des prix alimentaires, tout comme une meilleure rémunération des travailleurs dans les filières alimentaires (lire ici and ici). Mais cela ne suffira pas : des réglementations spécifiques et un appui financier aux producteurs en train d’adopter des technologies durables, seront également requis.


La diminution du gaspillage alimentaire sera l’un des bénéfices collatéraux d’une nourriture plus chère, tandis qu’un accès plus difficile à l’alimentation des groupes de personnes vulnérables constituera un coût collatéral qui exigera la mise en place d’une assistance alimentaire accrue (et un ajustement des bas salaires).


3. Avoir recours à toutes les dimensions de la durabilité comme critères pour orienter les investissements et pas seulement la dimension économique


Utiliser la rentabilité financière comme critère de choix des investissements quand les prix ne reflètent pas les coûts réels risque d’aboutir à des choix qui ne sont pas optimaux. C’est ce qui s’est produit dans le passé où les investissements ont eu des effets négatifs sur les ressources naturelles, sur l’émission de gaz à effet de serre, sur la situation sociale, dont certains s’avèrent irréversibles.


La cinquième dimension de la sécurité alimentaire : la durabilité


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De nouvelles méthodes de décision fondées sur l’analyse multicritère devraient être promues et utilisées pour sélectionner les investissements sur la base de tous leurs impacts et pas seulement leur impact sur la rentabilité financière.


4. Adopter des régimes alimentaires plus durables


La moitié, environ, des grains produits dans le monde est utilisée, à ce jour, pour produire des produits animaux (viande, lait, œufs principalement). Sachant que le ratio de transformation entre le grain et les produits animaux est nettement supérieur à 2, cette situation contribue à abaisser l’efficacité du système alimentaire et accroît la pression qu’il exerce sur notre environnement, la rendant insupportable et non durable à terme.


La consommation de produits de contre-saison et de nourriture originaire de pays lointains a augmenté au cours des décennies récentes. C’est une source d’inefficacité, surtout du point de vue énergétique (transport, chauffage des serres, émission de gaz à effet de serre, etc.). Il faut lutter contre cette tendance.


Pour créer des conditions favorables à l’émergence d’une production alimentaire durable, il s’agit d’encourager des régimes alimentaires plus durables en ayant recours à des programmes de sensibilisation et de formation, des incitations de prix et d’autres moyens. L’adoption d’un régime alimentaire diversifié et à base de produits frais aura un effet bénéfique sur la santé.


Conclusion


Assurer une sécurité alimentaire pour tous et éradiquer durablement la faim dans le monde demandera d’intégrer la durabilité dans notre vision de ce qu’est la sécurité alimentaire.


Ce texte a tenté d’explorer ce que cela signifie en termes concrets : développer la recherche et créer les conditions d’adoption de techniques de production agricole plus accessibles et durables, et changer notre régime alimentaire pour augmenter l’efficacité du système alimentaire et en réduire l’impact sur notre environnement, tout en assurant une meilleure rémunération et de bonnes conditions sociales à tous ceux qui y travaillent et en vivent.


Ces changements remettront en cause les intérêts de ceux qui dominent maintenant le système alimentaire (grandes entreprises de l’agroalimentaire) ou qui s’apprêtent à le contrôler (entreprises du numérique).


Ces changements nécessiteront une gouvernance améliorée du système alimentaire pour laisser plus de poids aux intervenants les plus légitimes (consommateurs, masse des producteurs agricoles familiaux) au détriment des grandes entreprises multinationales qui, par les lobbyistes qu’elles emploient, influencent les décisions politiques en leur faveur, et des pseudo-philanthropes qui veulent s’acheter une légitimité avec leur fortune tout en accroissant encore davantage leur richesse. L’extraordinaire pouvoir de ces forces s’exprime couramment par une triple initiative : la création d’un Conseil numérique international pour l’agriculture et l’alimentation, la consolidation du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI/CGIAR) et l’organisation par le Secrétariat des Nations Unies d’un Sommet mondial sur les systèmes alimentaires [lire en anglais].


Dans ce dernier cas, on peut constater le rôle central que les Nations Unies s’apprêtent à donner aux intérêts privés dans cet événement. En effet, ce Sommet sera organisé conjointement avec le Forum économique mondial de Davos et l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies au Sommet ne sera autre que la présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) [lire], ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions défavorables de la part des organisations de la société civile [lire en anglais]. Rappelons ici que le Forum économique mondial de Davos et AGRA sont parmi les zélateurs les plus actifs de l’application des recettes de la révolution verte agrochimique en Afrique et qu’AGRA, financé par les fondations Gates et Rockefeller et par le plus grand producteur d’engrais au monde, Yara, notamment, travaille en étroite collaboration avec plusieurs multinationales de l’agroalimentaire, c’est-à-dire celles-là mêmes qui font la promotion des technologies non durables qu’il s’agit de remplacer.


Peut-être devrait-on justement mettre la question de la durabilité du système alimentaire (et de la sécurité alimentaire) en bonne place sur l’agenda du Sommet prévu en 2021. Voilà un objectif que les organisations de la société civile alliées à quelques gouvernements responsables pourraient se fixer.


On voit que ce ne sera pas un combat facile et que le résultat est, au mieux, incertain. Pourtant il est indispensable de le gagner pour assurer une sécurité alimentaire durable à tous, un objectif auquel nos dirigeants n’arrêtent pas de souscrire dans leurs discours, mais pas encore dans leurs décisions et leurs actes.


Materne Maetz

(mars 2020)


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Pour en savoir davantage :


  1. Three Big Battles for Global Food Policy Looming - World Food Systems Summit is part of a three-pronged corporate food policy power grab, ETC, 2020 (en anglais).

  2. S.K.Dehghan and K. Ahmed, UN under fire over choice of ‘corporate puppet’ as envoy at key food summit, The Guardian, 2020 (en anglais).

  3. Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, Sommet mondial de l’alimentation, Rome, 1996.



Sélection d’articles déjà parus sur lafaimexpliquee.org liés à ce sujet :


  1. L’urbanisation de la faim : l’exode rural pousse la faim vers les villes, 2019.

  2. Dans le système alimentaire mondial, la révolution agricole « high-tech » pourrait bouleverser les rapports de force au détriment des plus faibles, 2019.

  3. Avec le dérèglement climatique, la sécurité alimentaire exigera la modification des comportements alimentaires, le développement de technologies appropriées et la mise en œuvre de politiques économiques adaptées, 2019.

  4. La Vie malade de la folie humaine : il nous faut changer de paradigmes, d’objectifs et de valeurs, 2019.

  5. Le krach alimentaire planétaire : mythe ou réalité ? 2018.

  6. Les conséquences d’un réchauffement climatique de 1.5o au-dessus du niveau de température de l’ère préindustrielle : le rapport spécial du GIEC d’octobre 2018, 2018.

  7. Dégradation des terres :  une conséquence grave des activités humaines avec des implications dramatiques sur l’alimentation, la santé et le bien-être de la population mondiale, 2018.

  8. Alimentation et dérèglement climatique - Consommateurs et producteurs, ensemble agissons pour changer notre système alimentaire ! 2017.

  9. La “Nouvelle vision pour l’agriculture” du Forum de Davos est en marche… 2017.

  10. Qu’est-ce que la sécurité alimentaire ? 2017.

  11. La Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition : un coup pour les capitaux internationaux ? par N. McKeon, 2015.

  12. A mille jours de l’échéance de l’OMD sur la faim: l’Humanité sur un bateau ivre, 2013.

 

Dernière actualisation: mars 2020

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