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17 mai 2015




Impressions sur l’Exposition Universelle de Milan 2015



Je viens de passer deux jours et demi à l’Exposition Universelle de Milan 2015 (Expo2015) dont le thème est l’alimentation (‘Nourrir la planète, de l’énergie pour la vie’) et qui se tient entre le 1er mai et le 31 octobre 2015. J’y suis allé avec un couple d’amis chers. Les impressions exprimées dans ce bref article n’ont pas la prétention de brosser un tableau complet et objectif de l’Expo 2015, mais elles reflètent plutôt ce que j’ai pu ressentir lors d’une visite qui m’a permis de voir une vingtaine de pavillons qui ne sont pas nécessairement représentatifs de l’ensemble de l’Expo*. J’en ai retiré quelques conclusions personnelles - et seulement personnelles - de la part de quelqu’un qui par ailleurs dispose probablement une quantité d’informations sur l’alimentation mondiale légèrement supérieure à la moyenne et qui a ses motivations propres. 





Quelles sont ces principales impressions ?


  1. Les thèmes qui apparaissent dominants à l’Expo sont : la diversité de l’alimentation et sa forte dimension culturelle, la durabilité et les relations existant entre l’environnement et le climat, ainsi que la sécurité sanitaire des aliments.

  2. Rares sont les pavillons parmi ceux visités (Nations Unies, Népal) qui parlent de la faim et de la sécurité alimentaire, sans doute parce que les pays cherchent avant tout à promouvoir d’eux-mêmes une image positive et rechignent à parler du problème de la sous-alimentation.

  3. Même ceux qui ont fait des progrès considérables dans la lutte contre la faim n’en parlent guère (Chine, Brésil), et je n’ai vu nulle part de référence à l’Objectif de développement du millénaire No 1 (réduction de la pauvreté et de la faim) qui pourtant vient à échéance en 2015, même dans le pavillon des Nations Unies dont le titre est pourtant ‘Le défi faim zéro’.

  4. Chacun cherche avant tout à mettre en avant ses réalisations, sa contribution à l’alimentation mondiale (par exemple : Chine, Israël, Italie), sa spécificité alimentaire (Brésil, France), ses traditions alimentaires (Allemagne, Russie, Turquie).

  5. Quelques uns proposent des réalisations originales (la ruche du Royaume Uni, le microclimat du pavillon Autrichien).

  6. D’autres, surtout parmi les pays les plus pauvres, cherchent avant tout à faire de la promotion d’une destination touristique et de leurs produits artisanaux (Mozambique, Zimbabwe, Haiti).

  7. Certains pavillons nationaux accordent une large place à leur gouvernement  et à ses actions (Chine, France, États-Unis), d’autres davantage aux aspects techniques et au contenu lié au thème de l’Expo (Allemagne, Autriche, Italie).

  8. Il y a une grande inégalité, à laquelle on pouvait bien sûr s’attendre, dans les moyens mobilisés pour les pavillons nationaux des pays riches et ceux des pays pauvres, ce qui n’est pas sans avoir un effet sur l’intérêt et la pertinence de ce qu’ils présentent.

  9. Peu de participation du secteur privé à qui l’orientation générale de l’Expo ne laisse que peu d’opportunités pour faire la promotion de ses produits** (quelques rares exceptions comme New Holland***), ni des associations de consommateurs ou de producteurs qu’on aurait pu s’attendre à voir plus actifs à défendre leur perspective. 





J’avoue avoir aussi été intrigué par le fait que l’on propose aux visiteurs de signer la Charte de Milan sans en proposer un texte intégral, même si ses principes de bases sont présentés dans le pavillon de l’Italie.


Dans la mesure où l’Expo s’adresse à un large public (on attend entre 20 et 30 millions de visiteurs) souvent jeune (beaucoup de groupes scolaires), une place importante a été accordée aux aspects ludiques (Brésil), à la restauration et aux animations (concerts, parades, etc.) ce qui donne parfois à l’Expo un aspect de parc d’attraction.


C’était la première fois que je visitais une Exposition universelle et c’est sans doute là la raison pour laquelle je n’ai pas trouvé tout ce que, en tant que professionnel, je pouvais espérer. Habitué aux séminaires, conférences et colloques, je pensais que j’aurais à l’Expo l’occasion d’échanger avec d’autres professionnels (exposants) sur les thèmes qui me sont chers et pertinents au thème de l’Expo, mais je me suis surtout trouvé en face de vidéos et présentations (souvent excellentes comme dans le cas du pavillon de l’Allemagne notamment) et d’un personnel constitué essentiellement de jeunes, parfois volontaires, peu expérimentés, extrêmement sympathiques et pleins de bonne volonté, mais dont les connaissances manquaient souvent de profondeur.


Certes, la société civile organise des présentations sur le travail effectué par ses membres et leurs projets, et la direction de l’Expo elle-même propose une série d’événements scientifiques, culturels et sociaux, organisés parfois en coopération avec le Centre national de recherche qui visent à donner « une âme » à l’Expo (comme l’a dit la Présidente de l’Expo), pour justement en faire autre chose qu’un grand parc d’attraction. J’ai eu la chance d’assister à la fin du premier de ces événements dont le thème était le régime alimentaire méditerranéen, ses caractéristiques et son avenir.


Certains pavillons organisent aussi des séminaires (j’ai ainsi pu participer à un séminaire donné par Marion Nestle, l’auteure et professeure états-unienne bien connue) mais j’ai trouvé plutôt difficile de connaitre à l’avance le programme de telles activités à partir du site de l’Expo (il vaut sans doute mieux se référer aux sites particuliers des pavillons).



Pour conclure :


Si vous avez l’intention de visiter l’Expo (et je vous le conseille), ne ratez pas le pavillon des Nations Unies (pavillon zéro - impressionnant), celui de l’Allemagne (le plus intéressant d’un point de vue technique, à mon avis), celui du Népal (l’occasion de faire un don pour aider ce pays à faire face aux conséquences du récent séisme), celui de l’Autriche (et son micro-climat), celui du Royaume Uni (de préférence le soir, pour apprécier sa ‘ruche’) et beaucoup d’autres encore. Attention, il peut faire très chaud à Milan (n’oubliez pas de boire !) et les distances à parcourir peuvent être considérables (prévoyez de vous chausser confortablement pour faire plus de 15.000 pas par jour !).


Bonne visite !


M.M.


Pour mes réactions « à chaud » et quelques photos voir sur Twitter @lafaimexpl en date du 12,13 et 14 mai).



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* États-Unis, Chine (corporations), New Holland, Allemagne, Israël, Saint Siège, France, Zone de l’alimentation du futur (Coop), Royaume Uni, Chine, Céréales et Tubercules (Mozambique, Zimbabwe, Haiti), Italie, La ferme globale (Association mondiale des agronomes), Parc de la biodiversité, Russie, Népal, Société civile, Nations Unies, Brésil, Turquie et Autriche


** C’est là, parait-il, un choix délibéré des organisateurs et des deux « mentors » de l’Expo, Carlo Petrini (Slow Food) et Vendana Shiva, qui ne voulaient pas d’une Expo aux mains des multinationales où une place trop grande serait donnée à ‘leurs’ solutions (OGM, etc) et qui a failli aboutir à la non-participation des États-Unis qui n’a pu être évitée que grâce à la diplomatie italienne et qui explique sans doute le ‘vide’ du grand pavillon états-unien.


*** Certaines multinationales telles que Cocacola, Ferrero, Martini et MacDonalds ont cependant des pavillons, mais ils sont à caractère commercial.

 

Dernière actualisation:    mai 2015

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