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23 août 2015


Un défi majeur pour la recherche agricole à moyen terme: développer des variétés de riz prêtes pour le changement climatique


Le riz est la céréale la plus importante au monde. Elle apporte environ la moitié de l’énergie absorbée par l’humanité et est une source de revenu pour des dizaines de millions de paysans vivant dans le monde inter-tropical, surtout en Asie et en Afrique. Mais les rizières dans lesquelles le riz est produit, sont aussi des grandes consommatrices d’eau et le riz est à l’origine d’un volume considérable de gaz à effet de serre, principalement du méthane, et ce volume devrait encore augmenter au fur et à mesure de l’augmentation de la température et de la concentration de CO2 dans l’air. Le riz est aussi plutôt sensible à la présence de sel dans le sol, et de vastes rizières en Asie, surtout au Bangladesh, mais également en Thaïlande et dans d’autres pays, sont de plus en plus menacées par des intrusions d’eau marine ce qui les rendra de moins en moins adaptées pour la production de riz à moins que des variétés tolérantes soient développées.





C’est dans ce contexte défavorable qu’on peut se féliciter de la distribution à environ 180.000 paysans du Bangladesh, depuis 2011, d’une variété tolérant une forte teneur en sel dans le sol. Cette variété a été développée par des chercheurs de l’Institut du Bangladesh de la recherche sur le riz (Bangladesh Rice Research Institute) avec le soutien de trois organisations publiques : l’Institut international pour la recherche sur le riz (International Rice Research Institute - IRRI), le Centre mondial sur le poisson (World Fish Center) et le Centre pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT). Cette variété a été obtenue en croisant des variétés existantes qui sont naturellement résistantes à la salinité des sols. Son développement n’a pas nécessité le recours au génie génétique.


Ce n’est là qu’un exemple de résultat obtenu grâce à la recherche sur le riz. L’IRRI, qui est basé aux Philippines, met en oeuvre un important programme visant à développer de nouvelles variétés capables de mieux faire face au changement climatique. Pour cela, l’IRRI a recours à la Banque génétique internationale pour le riz (International Rice Genebank) - la collection la plus complète de la diversité génétique du riz qui comprend environ 110.000 types différent de riz - comme source de gènes du riz associés à des caractéristiques particulières et qui peuvent être combinés par croisement.


Sur son site web, l’IRRI annonce faire des progrès vers le développement du ‘riz C4’ - un riz doté d’un mécanisme boosté de photosynthèse qui utilise bien mieux la lumière du soleil pour changer le dioxyde de carbone et l’eau en céréale. D’après l’IRRI, le riz C4 pourrait avoir un rendement 50% supérieur à celui des variétés existantes et il serait énormément plus efficient dans son utilisation de l’eau et des nutriments. Sa consommation réduite d’eau et de nutriments, couplée avec des pratiques culturales améliorées qui sont en train d’être testées par l’IRRI, pourrait également entraîner une diminution des émissions de gaz à effet de serre.


Un autre domaine où des recherches sont menées est celui qui vise à trouver des moyens pour réduire les besoins en énergie pour cuire le riz. Si les espoirs suscités à l’IRRI par la découverte d’un gène gouvernant la température de gélatinisation se confirment, le temps de cuisson du riz pourrait être réduit de jusqu’à 4 minutes, ce qui entraînerait d’énormes économies d’énergie et de fortes diminutions des émissions de gaz à effet de serre liées au riz.


Ce texte illustre la nécessité d’investir davantage de ressources dans la recherche agricole publique à but non lucratif qui pourraient aider au développement de technologies accessibles à tous les producteurs agricoles. [lire]



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Pour en savoir davantage :


  1. -Amy Yee, Climate Change-Ready Rice Keeps Farmers' Fields Fertile, 2015 http://amyyeewrites.com (en anglais)

  2. -IRRI website, Rice and Climate Change (en anglais)


Sélection d’articles déjà parus sur lafaimexpliquee.org et liés à ce sujet :


  1. -La recherche et la biodiversité peuvent nous aider à lutter contre l’impact négatif du changement climatique : l’exemple du haricot, 2015

  2. -Biodiversité contre OGM : comment donner aux plantes une meilleure capacité de résistance à la sécheresse ?, 2014

  3. -Développer la capacité de résistance à la sécheresse ou investir dans la gestion de l’eau ?, 2014

  4. -Développement de la recherche, 2013

  5. -42ème Journée Mondiale de l’Environnement : une occasion pour réfléchir sur les relations alimentation, agriculture et changement climatique, 2013

 

Dernière actualisation:    août 2015

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