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26 août 2014

 

Développer la capacité de résistance à la sécheresse ou investir dans la gestion de l’eau?


L’histoire du développement agricole, au cours des dernières décennies, a vu la masse des investissements agricoles s’effectuer pour le développement de l’irrigation et des infrastructures d’irrigation. Très peu de ressources ont été allouées au développement de l’agriculture en sec et à la production de variétés améliorées adaptées à l’agriculture pluviale. [lire La stratégie du «tout pour l’irrigation» a abouti à un système inégalitaire fragile et gaspilleur]


Cette stratégie est encore largement celle adoptée aujourd’hui. Par exemple, au Mali, plus de 250 millions de dollars ont été investis sur cinq ans dans le seul projet Alatona en vue d’augmenter le flot d’eau à travers un canal existant et mettre sous irrigation 14000 hectares (ce coût n’inclut pas celui de l’infrastructure initiale). Ce montant peut être comparé avec les moins de 3% de dépenses publiques spécifiques à l’agriculture qui vont à la recherche: moins de 5 millions de dollars annuellement entre 2006 et 2010 (Rapport pays SPAAA sur le Mali).


Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de la livraison et la distribution de plus de 30 variétés de maïs résistantes à la sécheresse produites par des moyens traditionnels (pas par modification génétique) à environ trois millions de producteurs en Afrique, en attendant quatre millions supplémentaires de bénéficiaires prochainement. Ces variétés produisent jusqu’à 30% de plus que les autres variétés dans des conditions de sécheresse modérée, mais elle ne peuvent faire face à une sécheresse extrême. Le coût de ce programme, soutenu par la Fondation Gates est de 8,5 millions de dollars par an pendant quatre années. Il couvre 13 pays et pourrait toucher potentiellement jusqu’à 40 millions de producteurs.




On estime qu’en Afrique sub-saharienne, environ 40% du maïs souffre de conditions de sécheresse, ce qui met en danger les conditions de vie et la sécurité alimentaire de million de petits producteurs.


La question reste cependant de savoir si les producteurs continueront à avoir accès à ces variétés une fois que le projet soutenu par la Fondation Gates se terminera, ou si au contraire ils devront acheter ces semences améliorées de compagnies privées, ce qui exclura les producteurs les plus pauvres. Les variétés concernées ont été développées dans le cadre d’une collaboration entre des centres de recherche traditionnels (CIMMYT- Mexique ou IITA-Nigeria), des programmes de développement et des multinationales semencières.


Ces chiffres illustrent clairement la nécessité de renforcer la recherche agricole sur l’agriculture en sec car elle a un potentiel d’impact énorme sur un grand nombre de producteurs à un coût relativement modeste comparé à celui de l’irrigation.



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Pour en savoir davantage :


K. Treier, The case for drought-tolerant maize, deveximpact, 22 août 2014 (en anglais)

 

Dernière actualisation:    Août 2014

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