Nouvelles

 

Dernière actualisation:   avril 2013

4 avril 2013



Le président de la Banque mondiale affirme son intention de s’attaquer à l’extrême pauvreté: la Banque suivra-t-elle?


Dans son discours du 2 avril intitulé «Un monde sans pauvreté est à notre portée» le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim souligne les avancées récentes faites dans le monde: la réduction de moitié en 20 ans de la proportion de la population mondiale vivant avec moins de 1,25 dollar par jour (de 43% en 1990 à 21% en 2010), la chute des 3/4 du nombre annuel de décès attribuables au paludisme et la diminution de 40% du nombre d’enfants non scolarisés. Il cite comme principaux obstacles pour l’avenir le réchauffement climatique et la difficulté de retrouver et maintenir les taux de croissance élevés observés dans les pays émergents et non industrialisés avant la crise de 2008, tout en faisant part de l’importance à ses yeux de continuer à améliorer la qualité de l'éducation, de la gouvernance et du climat des affaires, à moderniser les infrastructures, à garantir la sécurité énergétique et alimentaire, et à renforcer l'intermédiation financière.




Dans son discours, Kim fait part de l’intention de la Banque mondiale de s’attaquer à l’extrême pauvreté quelqu’en soit la cause afin de la ramener à 3% de la population mondiale d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, il s’agira, d’après lui:


  1. D’assurer une croissance forte et soutenue en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne

  2. De déployer des efforts pour promouvoir l’inclusion et réduire les inégalités en s'assurant que la croissance entraîne la réduction de la pauvreté, surtout par la création d'emplois

  3. D’éviter ou d’atténuer les chocs éventuels tels que les catastrophes climatiques ou de nouvelles crises alimentaires, énergétiques ou financières

Il se propose pour arriver à réaliser ces objectifs, d’augmenter les revenus des 40% les plus pauvres, ceux-là même qui normalement sont exclus des programmes de développement et même des programmes sociaux. [lire]

Mais il reste bien évasif sur les moyens d’y arriver, se contentant de parler de la nécessité de mobiliser plus de ressources pour le développement, d’exhorter les leaders des pays et d’intensifier les échanges sur les solutions qui marchent... pour arriver à développer la «science de la prestation» afin de rehausser «l'impact des experts en résolution de problèmes». Nous voilà bien avancés sur ce que la Banque mondiale compte faire!

Bref, si les intentions sont bonnes, si conscience est prise de la question de la nécessité de l’inclusion, force est de constater que les solutions restent encore à trouver.

Malheureusement, on peut douter que la Banque mondiale fasse beaucoup de progrès dans ce sens dans les 1000 jours qui nous séparent de la fin de 2015 et que Kim souligne dans son discours. Il suffit pour cela de lire les solutions que propose la Banque mondiale pour l’Afrique dans son rapport de janvier dernier, à savoir: attirer des grands investisseurs en vue d’exploiter les richesses locales dans un cadre de dérégulation et d’ouverture extérieure, à partir de l’application de technologies agricoles de l’agriculture industrielle conventionnelle, pour ne laisser aux populations rurales que l’option du salariat ou une migration accélérée vers les villes. [lire notre commentaire]

Voilà une solution qui, si elle peut créer de la croissance, ne pourra certainement pas réduire de façon substantielle la pauvreté et la faim, car elle profitera à une minorité et excluera de ses résultats la masse de la population. Il serait grand temps que la Banque mondiale remette enfin en question ses vieilles recettes autrement que simplement dans ses discours, si elle veut véritablement contribuer à l’éradication de la pauvreté dans le monde.

Lire l’intégralité du discours du président de la Banque mondiale à l’Université Georgetown.

 

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com